C’est inscrit dans
l’article 28 de la Convention internationale des droits de l’enfant : l’enseignement
primaire est obligatoire et gratuit pour tous les enfants. Presque tous. Car à
Grande-Synthe (Nord, 22 000 habitants), où 140 enfants vivent dans un camp de
réfugiés, ce droit est conditionné par la motivation d’une poignée
d’enseignants, la qualité de la relation avec leurs proches et les conditions
météorologiques de l’instant.
Contrairement au Trégor, Grande-Synthe est située sur les
routes de migration vers le
Royaume Uni. Le maire, Damien Carême, a vu grossir
le nombre de personne transitant sur sa commune, située à 35 km de Calais, en
bordure d’autoroute. En mars 2016, avec l’aide de Médecins sans frontières, il
a fait installer un camp
humanitaire aux normes des Nations Unies. Suivant les périodes, entre 700
et 1500 personnes y sont hébergées. En mars 2017, environ 140 enfants y vivent.
Adeline Markwitz, de passage à Brest, avec l'autocollant des Gens Heureux :-) |
« Tout
fonctionne, il n’y a pas de point négatif »
A Grande-Synthe, il y a treize écoles. Trois écoles et un
collège accueillent régulièrement des enfants réfugiés du camp humanitaire.
« Les bénévoles les incitent à venir, raconte Adeline Markwitz, directrice
de l’école Francisco Ferrer. C’est
difficile de capter leur attention, les
premières préoccupations sont la sécurité, la santé, la nourriture. Les enfants
sont capables de marcher des kilomètres sous la pluie, avec un sac sur le dos,
et sans broncher… mais ils ne viennent à l’école que s’il y a un copain ou s’il
va dans une classe qui leur plaît. » Les établissements accueillant les
enfants réfugiés s’appellent école Julie Daubié, école Marie Curie, école Francisco
Ferrer et collège du Moulin. C’est l’occasion de se souvenir que Marie Curie
est né polonaise et que durant plusieurs années de son existence, Francisco
Ferrer s’est exilé en France.
« D’un point de vue administratif, c’est compliqué,
poursuit l’enseignante en tournant les pages du registre de présence. En
janvier, nous avons accueilli cinquante enfants différents. Il y en avait six à
dix-sept par jour, mais jamais les mêmes. Pendant l’hiver, quand il fait moins
deux, ils ne viennent pas. » Devant leur pupitre, les enfants de
Grande-Synthe, qu’ils habitent au camp de la Linière ou dans un autre quartier,
sont tous des écoliers. Ils récitent les mêmes poésies et partagent la même
cour de récréation. « Tout fonctionne, il n’y a pas de point négatif,
assure Adeline Markwitz. On sent que nos élèves sont en train de comprendre la
richesse de nos écoles. »
Une plateforme pour
les bénévoles
Le 17 mars, le maire de Grande-Synthe et la ministre du
logement ont renouvelé la convention de poursuite de gestion du camp
humanitaire. « Le camp vit grâce à l’aide des associations et des
bénévoles, précise Olivier Caremelle, au cabinet du maire. La ville a mis en
ligne une plateforme numérique pour les bénévoles qui veulent venir nous aider.
Nous pouvons aussi héberger 40 personnes,
mais pour cela, il faut s’inscrire. »
En savoir +
- Sur le camp humanitaire de
la Linière
- Un article
paru dans La Voix du Nord en octobre 2016
- Un reportage
photographique publié dans Le Monde en février 2017
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